DECLARATION de la FSU 61 au CDEN du jeudi 2 décembre 2010
« La rentrée scolaire est bien sûr un moment privilégié et très important pour chacun d’entre nous. Cette période est aussi une étape où les engagements que je vous ai annoncés l’année dernière vont devenir visibles et se traduire en actions concrètes » Ces propos sont ceux de M. Châtel, ministre de l’Education dans sa lettre de rentrée aux enseignants.
Cela appelle une première remarque : il omet de nous parler des autres personnels : s’il n’y avait pas d’ agents dans les collèges et les lycées, s’il n’ y avait pas de CPE, s’il n’y avait pas de personnels administratifs dans les IEN et les IA, s’il n’y avait pas d’infirmières scolaires, s’il n’ y avait pas d’assistantes sociales…il n’y aurait pas de service public d’éducation.
Une deuxième remarque : on peut comprendre que le ministre de l’Education justifie la politique menée par son gouvernement et le Président de la République puisqu’ils sont issus de la même majorité gouvernementale. Il en est de même pour les orientations budgétaires. Pour autant, il est inacceptable qu’il déclare dans la presse que « les 16 000 postes supprimés en 2011 seront trouvés sans problème » et d’ajouter « ce qui compte, c’est qu’on y arrive en gagnant en efficacité ». Qui peut y croire ? Le syndicat des inspecteurs d’académie (SIA) dans un communiqué en date du 31 octobre 2010 souligne, je cite : « Dans ce contexte, les inspecteurs d’académie chargés de porter les réformes en cours, ne peuvent plus trouver d’arguments crédibles pour expliquer le bien-fondé de dispositions qui ne vont pas dans l’intérêt de l’élève, de ses apprentissages et de la qualité de l’enseignement qui leur est dû. » Quelques chiffres :
De 2007 à 2011, ce seront 63 364 ETP qui auront été supprimés dans l’Education Nationale
Entre 2007 et 2011, nous sommes passés de 22 000 recrutements (1er et 2nd degré) à 11 6000
En 2004 12 940 professeurs des écoles étaient recrutés, en 2007 10 899, en 2010 7000, en 2011 3000.
Le budget adopté va entraîner des reculs sensibles dans un certain nombre de postes. Nous en avons relevé quelques uns : moins 10,8% pour les crédits pédagogiques par rapport à 2010, moins 5% pour les remboursements des frais de déplacements des personnels en services partagés ou en RASED ou enseignants référents, moins 5,8% pour la formation continue des enseignants du premier degré.
Effectivement, M. Châtel la communauté éducative va voir concrètement votre action. Va-t-elle l’accepter ? L’an dernier la carte scolaire avait été rendue plus facile par la mise en place de la masterisation. qui avait permis de masquer les retraits d’emplois. Cette année, ce seront , par exemple, 8967 emplois qui seront supprimés dans le premier degré et pour ce faire selon le rapport des IGEN transmis au ministre , aux recteurs, aux inspecteurs d’académie : augmenter les effectifs dans les classes, réduire les moyens de remplacement, abaisser encore, si cela est possible, la scolarisation des enfants de 2 ans, intervenir sur les modalités de l’enseignement des langues, « sédentariser » les enseignants hors la classe (rased, conseiller pédagogique, CLIN, les enseignants en postes adaptés…).
En terme de formation des enseignants, le gouvernement s’est entêté depuis deux ans dans des mauvaises décisions sur la réforme de la formation. Elle est unanimement décriée par l’ensemble de la communauté éducative. La suppression de toute vraie formation professionnelle en est la pierre angulaire. Ainsi les lauréat.e.s au concours 2010 se sont retrouvé.e.s pour la plupart d’entre eux en charge de classes et d’élèves avec pour tout bagage leur seule année de préparation à un concours qui valide essentiellement des savoirs disciplinaires. La situation n’a pas été identique, cette année, dans le département pour celles et ceux qui ont été recruté.e.s dans le premier degré. Elle le sera l’année prochaine sans aucun doute. C’est sans doute, entre autres, ce à quoi fait référence M. Châtel en parlant de son souci de notre santé et de notre bien-être au travail !
Avec la réforme du lycée en seconde générale et technique, le dispositif CLAIR pour les RRS, les ERS, les internats d’excellence l’Education Nationale est encore vidée de ses missions de service public en l’éloignant encore plus de l’ambition d’égalité pour toutes et tous.
Les enfants de moins de 3 ans ne sont pas les bienvenus à l’école pour le ministère. Alors que plus d’un sur trois était scolarisé en 2000, c’est moins de 1 sur 5 aujourd’hui.
Au collège, l’imposition du livret personnel de compétences ne règle rien sur le fond et soulève, au contraire, de multiples problèmes.
Rythme scolaire, évaluation, sport l’après-midi : nous sommes toujours dans l’impasse.
Pour la FSU, ce bilan de rentrée que nous venons de dresser marque de nouvelles régressions pour le devenir du service public d’éducation. Face à la crise que traverse la société, aucune solution crédible et démocratique ne peut se concevoir sans une véritable « priorité à l’éducation ». Nous continuons à contester les choix gouvernementaux en matière éducative comme nous le faisons et l’avons fait avec d’autres sur les retraites, sur la politique de l’emploi, sur les salaires.
Nous revendiquons d’autres choix en matière de politique éducative et d’enseignements. A ce sujet, nous vous remettons les 20 propositions pour l’école élaborée par la FSU.