Le Ministère de l’Éducation Nationale a lancé des « États généraux du numérique » déclinés dans chaque académie selon des modalités différentes. Pour l’Académie de Normandie, ces « États généraux » ont lieu pour le premier degré le 5 octobre au Conservatoire du Havre, et le 6 à l’Atelier Canopé à Caen. On est loin d’une logique participative et consultative que laisse entendre le pompeux intitulé « États généraux » si l’on en croit le périmètre restreint des « invités » pour des échanges et débats diffusés en ligne. Certes, les contraintes sanitaires ont conduit à une limitation du nombre de participant·e·s, mais on aurait attendu une représentativité plus grande des personnels, enseignant·e·s, notamment. Qui a été « choisi » ? A quel titre ? Ce que l’on peut affirmer, c’est que l’institution n’a pas jugé bon d’inviter les organisations syndicales représentatives, qui auraient eu des analyses à partager sur ce sujet comme sur tant d’autres. Est-ce pour ne pas entendre une voix discordante ou en tout cas nuancée car porteuse de critiques sur ce sujet ? On connaît les dérives mercantiles déjà à l’œuvre. Ces États généraux apparaissent très clairement comme une opportunité pour ouvrir davantage encore l’Éducation Nationale à l’EdTech, avec les risques de privatisations rampantes et de mise en concurrence entre Service Public et offre privée.
La FSU a fait un bilan à la sortie de confinement des usages du numérique, et, si la question du matériel se pose, elle ne doit pas être l’entrée principale des débats. Ne doit-on pas, au lieu d’aborder le numérique par des usages possibles dans la classe et hors la classe, envisager en premier un usage réfléchi et centré sur une relation pédagogique « maître-élèves » de qualité ? L’expertise pédagogique des enseignant·e·s ne doit-elle pas être sollicitée, avant toute chose ? De même, le risque de creusement des inégalités scolaires ne doit pas être une question subsidiaire et doit être abordé dans toutes ses dimensions (accès au réseau, haut-débit, fracture numérique…).
La FSU regrette de ne pas avoir pu faire part de ses analyses fondées sur l’expérience de terrain. Elle continuera à débattre avec la profession sur cette question lourde d’enjeux (pédagogiques, économiques, et même sanitaires !) et à porter ses revendications, bien éloignées de celles des experts auto-désignés. Nous invitons tou·te·s nos collègues à participer à l’enquête nationale de la FSU sur le numérique d’ici le 15 octobre. Ces remontées du terrain serviront de contrepoint aux États généraux du Ministère prévus les 4 et 5 novembre à Poitiers.